Perception de l’image

Il n’est plus le secret pour personne que l’homme et l’appareil photo perçoivent le monde différemment

Et effectivement, il arrive souvent qu’un paysage pittoresque pour nos yeux ressort très pâle sur la photo – aux couleurs blanchâtres, au ciel surexposée, aux places noires aux lieu des ombres, aux couleurs non-naturelles. Quelle en est la raison, demanderait-on ? Pourquoi donc l’appareil photo ne peut pas fixer et transmettre le paysage tel qu’il est en réalité ?

En fait, l’appareil photo l’essaie au mieux, dans les limites du possible, mais le problème est que nous nous ne voyons jamais le monde tel qu’il est vraiment : nos yeux et notre cerveau font un énorme effort pour que nous puissions admirer la réalité environnante, mais l’appareil photo ne le peut pas, et on doit donc faire des manipulations supplémentaires, souvent très complexes, afin obtenir des images aux couleurs naturelles.

La vision centrale et la vision périphérique

Le champ de notre vision percevant les détails est très faible – il n’est que d’environ trois degrés. Vous vous en apercevrez facilement si vous vous concentrez sur une des lettres de ce texte tout en essayant de regarder les lettres à côté sans pour autant bouger les yeux – en fonction de la distance du centre, vous allez donc rapidement perdre la capacité de distinguer de petits détails.

La vision périphérique est très sensible au mouvement, mais pas aux détails – pour obtenir une vue complète, des yeux scannent le sujet en permanence et à chaque moment envoient les informations sur ses fragments individuels dans le cerveau, qui, à son tour, après le traitement individuel de ces informations fragmentées, forme une image complète.

L’appareil photo par contre fixe le paysage tel qu’il est, sans se soucier du fait que ces différentes parties ont de très grandes différences au niveau de la couleur et la luminosité, et doivent en fait être photographié de manière différente.

Le diapason dynamique

Quand l’œil regarde les zones éclairées ou sombres d’un paysage, la pupille change de diamètre – elle se diminue quand on regarde les objets claires, et elle s’élargit quand on regarde les objets sombres, en ajustant ainsi la quantité de la lumière atteignant la rétine.

En outre, les récepteurs de la rétine peuvent changer de sensibilité à la lumière en fonction de l’intensité de la dernière.

En conséquence, nous pouvons distinguer les détails et dans les zones très claires, et dans les zones très sombres, tout en s’adaptant aux conditions de haut contraste.

L’appareil photo par contre fixe le paysage avec des paramètres constants – aux valeurs prédéfinies de l’ouverture, de la vitesse d’obturation et de l’ISO, et n’est donc pas capable de niveler la différence au niveau de l’éclairage des paysages contrastés.

La solution de cette problématique est donc d’éviter de photographier les paysages dont le contraste excède la gamme dynamique de l’appareil photo.

Si le contraste est trop élevé, essayer de l’amoindrir en utilisant un réflecteur ou un flash pour éclairer les ombres.

Si vous ne pouvez pas affecter les conditions d’éclairage, vous serez alors amenés à perdre le détail de l’image soit dans les zones éclairées, soit dans les zones sombres : optez donc de les perdre aux zones sombres – car généralement, les ombres noires nous semblent beaucoup moins naturelles que les zones trop éclaircies.

En fin de compte, si vous en avez envie, vous pouvez utiliser la technique d’HDR (high dynamic range) – donc, faire plusieurs photos d’un même paysage aux expositions différentes et les combiner ensuite en une seule image dans un éditeur graphique. à titre d’exemple :
ciel surexposée

ciel surexposée

Cette photo ne ressemble pas à celle du coucher du soleil à cause du ciel surexposée – essayons donc de sous-exposer la photo suivante.
premier plan noir

premier plan noir

La photo est devenue mieux – le ciel à l’air très naturel, mais le premier plan est devenu complètement noir.
photo réaliste

photo réaliste

En combinant deux photos précédentes, on obtient une photo assez réaliste.

La sélectivité sémantique

Une autre caractéristique intéressante de la vision humaine est sa sélectivité – nous voyons ce qui nous intéresse tout en ignorant les détails qui nous semblent insignifiants.

En voyant un objet méritant une photo – un arbre fleuri, par exemple, le photographe enchanté sort son appareil photo et appuie sur le déclencheur.

Plus tard par contre, en regardant l’image obtenue à la maison, il voit avec colère qu’il y a des bâtiments délabrés derrière son arbre, les poubelles se sont nichées juste à côté, et le ciel bleu est tout traversé par des fils à haute tension.

Je exagère, mais c’est juste un exemple – comment donc y remédier ?

Il faut faire attention aux détails et essayer d’exclure tous les objets indésirables – plus attentifs vous êtes lors de la prise de vue, moins d’efforts vous devez consacrer aux retouches ultérieures de vos photos.

La perception du volume

L’homme a la vision binoculaire – nos deux yeux nous permettent de voir le monde en trois dimensions, ainsi que de proprement évaluer la distance vers de divers objets.

La photo n’est par contre qu’une interprétation de la réalité – l’appareil photo ne produit que des images en deux dimensions. Par ce fait, il n’est pas toujours que les paysages conservent leur volume et leur profondeur sur les photos.

La balance des couleurs

Les couleurs perçues des objets qu’on voit ne sont pas la propriété des objets-mêmes – ce n’est que la particularité de vision.

Les herbes sont vertes à cause des reflets des rayons de lumière dont la longueur d’onde se situe entre 500 à 565 nm qui tombent sur les récepteurs de l’œil, provoquant le cerveau comprendre “la couleur verte”.

Tout en étant habitués au fait que l’herbe est généralement verte, on la perçoit verte même dans des conditions d’éclairage inhabituelles – car la vision humaine se caractérise par la constance de la couleur perçue.

Notre cerveau aligne la gamme des couleurs de façon que les objets puissent garder les propres couleurs naturelles indépendamment des conditions de l’éclairage : le papier blanc nous semble aussi blanc et dans la lumière du jour, et quand il est éclairé par la lumière chaude des ampoules.

Notre cerveau sait que le papier doit être blanc et “ajuste” notre perception, tandis que l’appareil photo va le “convertir” une fois en bleu, et une fois en orange – pour atténuer cet effet, il faut régler la balance des blancs tout en l’ajustant en fonction des conditions d’éclairage.

Le résumé

Comme vous pouvez voir, le système visuel humain est très différent du système de perception d’un appareil photo numérique – elle nous permet de profiter de l’entourage dans toutes conditions sans se soucier des aspects techniques.

Néanmoins, il y a plusieurs domaines où la photographie peut excède les capacités de notre vision – premièrement, lors des photos de nuit. À la tombée de la nuit, la sensibilité des yeux humains diminue significativement – dans l’obscurité, nous nous apercevons des couleurs très faiblement.

Le capteur de l’appareil photo, par contre n’a pas de restrictions, et vous pouvez donc en principe réussir à capturer vos photos de nuit aux étonnamment couleurs riches et variées, que ce soit dans un parc de nuit, dans une grotte, ou ailleurs.

Outre son incroyable sensibilité aux couleurs nocturnes, l’appareil photo permet de “manipuler” le temps – par exemple, en utilisant une vitesse d’obturation très courte, vous pouvez fixer les gouttes d’eau, le saut d’un gymnaste, le battant des ailes des oiseaux – ce qu’on ne voit jamais en tant que statique avec nos propres yeux.

Et les vitesses d’obturation longues augmentent vous transmettent dans le monde de surréalisme – la course des nuages, la tombée de la cascade, les feux de voitures sur la rue de nuit vous transmettent toute une autre sensation du mouvement fantastique.

🙂

Gardez donc à l’esprit les différences entre votre propre perception et celle de votre appareil photo, et adaptez donc le processus de la prise de vue de façon à pouvoir à transmettre au public ce que vous avez vu, comment vous l’avez vu et comment vous avez décidé de réaliser vos photos !

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